Dans les églises du nord-ouest du Thimerais, un certain nombre de dalles en grés anépigraphiques, mais portant des motifs sculptés ont été répertoriées. Ces pierres dont le caractère funéraire est évident, mises en place du temps où l’on inhumait à l’intérieur des édifices religieux, sont restées, pour la plupart, encastrées dans le pavage. Quelques-unes, cependant, ont été conservées à proximité des églises.

     Ornées de motifs sculptés en bas-relief, ces dalles constituent une collection exceptionnelle du patrimoine local et leur étude mérite d’être versée au dossier des pratiques funéraires des XVIIè et XVIIIè siècles de cette région.

     On inhuma beaucoup dans les églises jusqu’au décret royal de 1776 qui mit fin à cette pratique. Les nobles avaient le privilège d’être inhumés dans le chœur et les autres paroissiens étaient inhumés dans la nef ou rien ne signalait leur présence.

     La croix latine, les insignes sacerdotaux que l’on reconnaît sur plusieurs d’entre elles laissent supposer que ces tombes sont celles de prêtres morts dans ces paroisses. D’autre symboles viennent s’ajouter ici ou là : des cœurs, en position droite ou renversée dispersés parmi d’autres motifs. Certaines de ces pierres tombales méritent une description particulière :

     A Beauche, deux dalles portent les mêmes motifs : le bourdon et la panetière, attributs du pèlerin associés au calice et à l’eucharistie. On peut voir aussi un anneau et une forme évoquant une jambe.

    A La Mancelière, une dalle porte untrecroisés, un crâne, deux burettes, un calice, une rouelle à quatre rayons et un motif en forme de serpe.

    A Rohaire, sur une pierre tombale, une sorte de coin et deux bâtons; une crosse sur une dalle de l’église d’Armentières et enfin deux écussons sur les dalles de l’église de Lamblore.

    La dalle la plus énigmatique est celle du bas-côté nord de l’église de Verneuil sur Avre : une croix pattée encadrée de deux mains montrant leur paume, un niveau de maçon, une croix de St André et un cœur renversé.

    Il faut souligner que le matériau utilisé est un grés dur qui n’existe que dans la région de Berchères sur Vesgre et dans celle d’Epernon.

    L’unité de style et le nombre limité de dalles sculptées laissent à penser que ces pierres tombales pourraient être l’œuvre d’un seul artisan sans doute local. Cette hypothèse se trouve confirmée par le fait que cette production resta sans suite.

  Il faut souhaiter que, là où ces monuments existent, on prenne toute mesure utile pour les mettre en valeur et les protéger.