II- La métallurgie du fer dans le Thimerais et le Drouais au cours des âges

1 - La recherche des sites d'extraction et de traitement des minerais

Le Thimerais et le Drouais ayant un sol relativement riche en minerai, on y a produit du fer, de la plus haute antiquité jusqu'au XIX^e siècle ; l'inventaire des sites de production est essentiellement un travail d’archéologue puisque pour la plupart d'entre eux, notamment pour ceux de la protohistoire et du haut moyen âge, on ne possède aucun texte écrit qui en fait mention.

De I ‘époque gauloise au X^e siècle, l'installation des fourneaux ne demandait pas beaucoup de temps et c'est sur les lieux même de l'extraction que les métallurgistes venaient réduire le minerai, en apportant le charbon de bois nécessaire à l'opération.

Le gisement épuisé, on s'en allait ailleurs en exploiter un autre. Les travaux agricoles ont effacé toutes traces de cabanes. d'excavations et de foyers, mais n'ont pas réussi à disperser totalement les particules charbonneuses et les scories, tant et si bien qu'aujourd'hui. il est relativement facile sur les terres nues et délavées par les pluies, de repérer les aires de travail qui se signalent généralement sous forme de grandes taches noires circulaires de 10 à 20 mètres de diamètre, parfois sur plus d'un hectare quand l'activité s'est prolongée sur plusieurs décennies et que la zone d'extraction s'est étendue.

La prospection aérienne, complétée par des contrôles au sol, a largement contribué à cet inventaire sauf dans les zones boisées où seules, les observations au sol permettent de repérer les indices révélateurs. Dans les sous-bois où l'on s'est peu soucie de reboucher les trous d'extraction et de disperser les tas de scories depuis l'abandon du site, il est assez facile de reconnaitre une aire de métallurgie. Encore faut-il parcourir systématiquement de long en large les zones boisées.

Notons que beaucoup de bosquets, isolés dans la campagne, sont souvent d'immenses "minières". Le bouleversement du sol a été tel que les cultivateurs ont renoncé à toute époque à niveler et ont préféré y laisser se développer une végétation spontanée. Le minerai s'est rarement présenté en banc continu. mais plutôt sous forme de lentilles d'un ou deux mètres de diamètre, à peu de distance les unes des autres, tant et si bien que les “ mineurs “ ont dû creuser des trous contigus en entonnoirs. C'est ainsi que se présentent encore ces excavations entre lesquelles s’intercalent des buttes de terre.

Plusieurs sites ont livré des scories associées à des tessons de céramique ou à des fragments de tégulae (tuiles à rebord) et d'imbrices d'époque gallo-romaine, ce qui atteste la production de fer dès cette période mais ce qui laisse aussi supposer que ces lieux de production pouvaient déjà être en activité avant l'occupation romaine.

Pour d'autres aires, où ne se trouvent que des scories et des traces charbonneuses, il est impossible de préciser I ‘époque d'activité. On peut tout juste dire que la seule présence des scories reporte à une date antérieure au X^e siècle.

Enfin, il faut rappeler que dans la recherche des sites métallurgiques, la toponymie est d'un précieux concours. Les toponymes tels que " Fourneau “, les " Minières “, les “ Terres noires “. se sont souvent attachés à des lieux où la métallurgie a été pratiquée. la tradition ayant conservé les noms des lieux-dits, même après que les souvenirs des activités aient cessé de se transmettre après plusieurs générations. Cependant, une étude archéologique des sites indiqués par la toponymie doit être faite nécessairement car il peut y avoir des ambiguïtés. Un toponyme comme “ Fourneau “ peut tout aussi bien désigner un four à verre, un tour à chaux qu'un tour à fer.

L’inventaire qui suit n'est pas exhaustif, mais nous avons cru bon de dresser un premier bilan qui peut-être déjà fort utile aux chercheurs qui travaillent sur l'histoire du Drouais et du Thimerais et sur l'histoire de la métallurgie.