Il n'en reste pas moins que ces petites croix ont été gravées dans la pierre, parfois très maladroitement, pour implorer la protection divine directement ou au travers un saint personnage, ou en signe de reconnaissance comme on appose un ex-voto ou comme on fait brûler un cierge.

Nos ancêtres avaient mille raisons de solliciter l'intercession des saints et de demander l'aide de Dieu. Qu'un enfant soit malade, qu'une femme craigne l'issue de son accouchement, que les intempéries fassent craindre la famine, que les fruits de la moisson puissent partir en fumée dans les granges ou les greniers, n'allait-on pas naturellement prier et tracer la croix, signe du salut, sur l'église ou sur tout autre lieu de culte.

Deux exemples nous paraissent significatifs à l'appui de cette thèse :

Au manoir seigneurial de VERIGNY, canton de Courville, subsistent des grenier remarquables du XVIè siècle où pouvaient être conservés des centaines de quintaux de céréales; Or sur le toit apparaît la croix-symbole qui nous intéresse : des tuiles blanches ont été incluses parmi les tuiles de couleur sombre afin de la rendre visible.

Au manoir du ROUVRAY, sur une grange construite au XVIIè siècle, apparaît également une croix au socle triangulaire, composée avec des rognons de silex taillés, inclus dans un mur de briques.

  Il paraît évident que dans ces deux cas, on a voulu mettre à l'abri du feu et des intempéries le fruit des moissons sous le signe de cette croix. Or le graphisme des deux croix est tout à fait identique à celui que l'on trouve sur le mur des églises.