On sait que les vastes plaines céréalières que nous avons aujourd'hui sous les yeux sont le résultat d’une destruction progressive des espèces végétales spontanées et d'un travail permanent du sol pour permettre le plein développement et la croissance des espèces vivrières
Les premiers défrichements jusqu'à nos jours, il a fallu plusieurs millénaires pour mettre en valeur tout l'espace cultivable. chaque génération profitant des résultats acquis par les générations précédentes ; l’espace cultivé s'est étendu au fil des siècles avec l’accroissement des besoins économiques et le perfectionnement des outils de travail qui a permis de répondre de plus en plus vite à la demande.
Les premiers défrichements n'ont pu-être l'œuvre que de communautés importantes, compte tenu du travail que cela représentait. De ce fait les domaines cultivés sont restés longtemps à proximité des sites d'habitation de ces communautés Ces unités d'exploitation ont d'abord formé des clairières dans la nature vierge puis celles-ci se sont étendues. progressivement surtout là où le sol était fertile et facile à travailler. Elles ont fini par se rejoindre, là où elles étaient isolées, pour donner une campagne ouverte ne laissant plus apparaitre que des lambeaux de la couverture végétale primitive.
Si l'on retrouve assez aisément le processus du défrichement dans l’espace, il est plus difficile de suivre les opérations dans le temps car elles n'ont pas été menées régulièrement ; elles ont évolué de manière très variable selon les sols, les hommes et les périodes historiques. A certaines époques, même, dans divers lieux, on a régressé en laissant la végétation spontanée reprendre des terres précédemment cultivées.
Quelles ont été les périodes de grand défrichement ? Quels en ont été les auteurs ? Quels sont les facteurs qui ont été les plus déterminants pour ouvrir les chantiers de défrichement et pour en choisir les lieux ? Beaucoup de questions sont restées sans réponse, jusqu'à présent, car il n’existe, en effet, que peu d'archives sur ce sujet. Il est probable que des parcelles aient été défrichées au gré des propriétaires sans que cela ait donné lieu à enregistrements ou commentaires particuliers. Ce n'est qu'au XIXe siècle que les défrichements ont été contrôlés et ont fait l'objet d'autorisations particulières, conservées aux archives et, aujourd'hui, précieux documents pour répondre aux questions qui nous préoccupent.
En nous fondant sur les données de l’archéologie et de l'histoire locale, sur l'analyse de photographies aériennes, de cartes I.G.N. au 1 : 25000e et l'origine des noms de lieux, nous voudrions montrer qu'il est parfois possible de retrouver quelques étapes importantes de cette conquête du sol, même en l'absence de documents écrits.
Notre premier essai porte sur le territoire du canton de Brezolles où s’interpénètrent encore surfaces boisées et terrains cultivés et dans lequel les grandes périodes du passé ont laissé des vestiges archéologiques nombreux et des éléments linguistiques significatifs des époques, dans la toponymie.