Créer un site internet

Titre voie romaine

DE RUEIL-LA-GADELIÈRE À LA N12

CONCLUSION

Aux environs immédiats du village, la prospection aérienne a permis de repérer plusieurs enclos dont certains présentent les caractéristiques de fermes gauloises.

Enfin, une voie de terre à fossés longitudinaux partant de ce vicus a été suivie jusqu'à la zone des résurgences de Rueil la Gadelière.

Rappelons qu'au cours des travaux de mise en exploitation d'une de ces sources pour alimenter en eau la ville de Paris, on a découvert dans la vase une importante collection de monnaies gauloises, ce qui laisse supposer que les métallurgistes de Beauche appréciaient l'eau de Rueil la Gadelière et que le site métallurgique de Beauche était en fonction à l'époque de l'indépendance gauloise.

Selon De Boisvillette, la voie romaine cachée sous les bâtiments de la ferme voisine, ancien manoir du XVIe siècle réapparait au long du côté nord de l'église et poursuit sa course vers l'ouest par une rue très ancienne du village. Elle débouche sur les terres cultivées à la périphérie ouest du village actuel. On peut en suivre le parcours et voir qu'elle rejoint la D117 reliant Beauche à Boissy les Perche avant de franchir le ruisseau dit de Lamblore. Elle se dirige vers un coude de la route 316 face à la ferme de Cuvray.

Après le passage du ruisseau de Lamblore, l'observation aérienne montre que la voie rejoint directement la D117 et se confond avec elle au niveau de la ferme de Cuvray et ne passe pas, comme le prétend De Boisvillette, dans le bois, au nord de Cuvray pour en sortir par le hameau de Corbin puis franchir la grande parcelle de Durçay Il n'y a aucune trace visible dans cette parcelle cultivée.

ne centaine de mètres avant le croisement avec la D941 reliant La Ferté Vidame à Verneuil-sur-Avre (route du XVIIIe siècle), la départementale D117 fait un léger virage dans le bois de I'Avenue, c'est probablement là que l'on sépara la 117 allant vers Boissy les Perche de la voie romaine qui filait entre Le Mesnil et Le Bas Mesnil, passant à gué le ruisseau de Roule-Crotte pour longer le bosquet dit le Bois Croulé, sur la lisière duquel on observe encore une bande de gros blocs de silex attestant le démantèlement d'une chaussée.

  Voie romaine c 2 5Main 2Carte A II-4

Gardant le cap sud-ouest, la voie, dont on peut observer la trace dans les cultures passait au hameau des Maisons Rouges et à celui du moulin Mazurier. Entre ces deux villages, le tracé en est devenu la limite des territoires de Boissy les Perche et de La Chapelle Fortin et a servi de base à l'établissement du parcellaire de ces deux communes.

Voie romaine mazurier

Un plan du XVIIe siècle conservé aux Archives d'Eure-et-Loir, référencé AN P 773 28 daté du 28-9-1609, nous apprend qu'il existait à cette époque un chemin reliant St Maurice les Charencey à Brezolles. En allant vers Brezolles, il empruntait l'itinéraire de l'ancienne voie romaine que nous venons de reconstituer. Aussi, nous nous sentons autorisés à penser qu'en sens inverse, c'est-à-dire en allant vers St Maurice les Charencey, il en était de même. Ainsi la voie romaine venant de Paris par Dreux rejoignait la grande voie de Condé sur Iton à Alençon en passant par les Hameaux des Champus et de Bellou et contournant par le nord du hameau de Rouilly arrivait au sud-est de Chennebrun, là où précisément la voie d'Alençon s'incurvait légèrement vers le sud-est pour rester en bordure du plateau et éviter semble-t-il, la plaine alluviale de Saint Etienne où se fait la confluence de la rivière de Saint Maurice avec l'Avre (zone souvent inondée).

La nationale 12 a repris l'itinéraire de la voie romaine venant d'Alençon, le tronçon de la 12 avant et après St Maurice les Charencey, parfaitement rectiligne, est strictement en alignement avec le tracé de la voie romaine filant sur Condé sur Iton, matérialisé encore aujourd'hui par un chemin vicinal traversant le Bois-Franc et Mandres.

La N 12 suivant la vallée de l'Avre par le sud a délaissé la voie romaine filant vers Condé sur Iton pour se créer un chemin nouveau en direction de Verneuil sur Avre, Dreux et Paris.

Ainsi, au XVIIe siècle, la N12 est devenue la voie royale reliant Paris avec les pays de l'ouest, supplantant l'ancienne voie antique. Celle-ci ne fut pas abandonnée pour autant, de nombreux voyageurs continuèrent à la suivre comme en témoignent les registres paroissiaux du XVIIe siècle que nous avons analysés à Escorpain et à Beauche. IL y avait, dans chacune de ces paroisses, une auberge où les voyageurs venaient s'y reposer pour la nuit. Certains y mouraient, à bout de forces. Ils furent inhumés sur place ; les curés ignorant leur identité se contentèrent dans les actes d'inhumation de relever les informations qu'ils tenaient des aubergistes : les pauvres voyageurs venaient tous de la région parisienne et avaient pour destination la Bretagne ou une autre région de l'ouest. Aux siècles suivants, rien ne permet de savoir si la vieille route était encore utilisée mais on a vu qu'aux environs de et d'Abondant, les cultivateurs qui emmenaient leurs troupeaux aux foires et aux abattoirs réutilisaient la voie romaine relativement plus tranquille que la N12 où le trafic s'intensifiait.

Aujourd'hui, quoi qu'il en soit, la voie romaine est tombée dans l'oubli et dans les opérations de remembrement on l'a détruite peu à peu.

 

 

 

Que cet article qui a pour objectif essentiel de replacer cette voie ancienne dans le paysage du Drouais et du Thimerais, incite les curieux, les randonneurs et tous ceux qui s'intéressent à notre passé, à retrouver son tracé et à rêver aux grands moments de l'histoire, quand elle était parcourue par les grands chariots, les diligences et les voyageurs à pied, qui ne s'effrayaient pas des distances, pour atteindre leurs objectifs.

Texte : Régis DODIN Carte et infographie : Michel GUILMAIN

 
 
 

V rMenu introduction

 
 

Ajouter un commentaire

Anti-spam