« L’index Geographicus d’une édition des commentaires de César publiée en 1728 à l’usage du Dauphin, cite Dreux sous le nom de Drocum ou Druidum civitas, la ville des Druides. »
Enfin voici comment s’explique à ce sujet Rouillard, l’un de nos historiens, dans son langage plein de naïveté : [1]
« Or de sçauoir maintenant d’où leur est venu le nom de Druides, ie void que la commune opinion est qu’ils ont ainsi esté appellez en grec, comme qui diroit Chesnier, pource qu’ils célébroient leurs principaux mystères parmi les Chesnes. – Pline, sur la fin du seizième livre de son histoire naturelle, dict que l’allusion du mot (Drus, qui signifie Chesne) y est fort grande, mais en ce qu’il ajoute qu’il le peut sembler ainsi, on recognoist qu’il ne le croid ny n’assure, ni aussy moi qui n’ai aucunement à gré ceste étymologie. – De sorte qu’il y auroit plus d’apparence de dériuer le nom de Drvide, du mot hébreu Dervssim ou Drussim, qui signifie spéculateur, ou recherchans les haults secrets, comme les mages des Perses, ausquels on les compare[2] »
« Toute fois ie dirai librement, que l’une ou l’autre interprétation ne me plaist, soit grecque, soit hébraïque : ains maintiens que le mot ou vrais nom de ces philosophes est pur originaire, et vrai celte ou gaulois, et qu’ils ont esté appellez en iceluy les Drvs ; nom que retient encore la ville de Drevx. Et au même propos Marcellin en son quinzième liure y ajoutant vne S, omise par les autres, les nomme Drvsidas non Drvidas, les Drvs, c’est-à-dire en vray françois les gens fréqvents, les gens de collége, gens d’assemblée, gens d’estats, gens de congregation : pour qu’ils vivoient par forme de confrairie. Ce qui signifie gens drvs et menvs, comme on parle en vulgaire, gens qui quoi qu’esloignez de la compagnie des hommes, pour vacquer à l’estude de la philosophie, viuoient neantmoins toujours en congrégation.
« Les Drvides chartrains auoient vn mont près de leur ville appellé la montaigne des Lieuës[3], à laquelle se terminoient les diamètres des terres subjectes à leur empire, dont cette montaige estoit comme le centre. – En ce moieu donc et comme nombril de toute la Gaule, equidistant et acccessible de tous costez, bref en ce siége chartrain destiné à l’Empire, les Drvides, certains jours de l’année, célébroient leurs sacrifices solennels, tenoient leurs parlements, et rendoient la justice. César dict, que c’étoit en vn lieu consacré « in loco consecrato », mais ie corrige ces mots in loco, pour remettre une vraie lecture, in luco consecrato, en vn bois ou boccage sacré, qui estoit le propre lieu auquel est de présent la grand’église de Chartres ... Voilà le lieu de la Prebstrise et Iustice des Drvides. »
« Quand à leurs escholes, elle estoient en la ville de Drevx, et hameaux circonvoisins qui sont à l’entrée de la forest, appellez encore de présent les maisons des Drvides ; car ils auoient choisi telles solitudes, comme éloignées du bruit et accès populaires, conséquemment plus propres pour vacquer à l’estude de la philosophie. »
« A Moronval[4] estoit une académie de Philosophes qui estoit destinez pour apprendre les règles de bien vivre dans leur aristocratie.Ceux-ci s’appeloient Sarronides, comme il se remarque dans ces anciens vers :
« Ces deux lieux[5] mille fois sacrez
Furent habitez par les Drvides,
Par eux autrefois consacrez
Aux leçons de leurs Sarronides[6]. »
[1] Parthénie, p.19 et suivantes, 1609
[2] « Les Druides, dit Pline, sont les mages des Gaulois, mages habiles, qui pourraient passer pour les maîtres de ceux de l’Orient.
[4] Saint-Denis-de-Moronval, situé à 4 kilomètres de Dreux.
[6] Diodou de Sicile fait mention des Saronides.